La dégradation de la note de la France par l’agence Moody’s nous déclassant de AAA à AA1 n’a pas provoqué de remous sur les marchés financiers et ne devrait pas impacter significativement à court terme les taux auxquels la France emprunte. Il faut s’en réjouir et en même temps, prendre très au sérieux l’alerte qui nous est lancée : la situation est bien dégradée et la France ne peut compter que sur elle-même pour se redresser et retrouver la voie de la prospérité, dans un environnement qui est lui-même instable. Attention donc !
Si Moody’s reconnaît des qualités à l’économie française (sa diversité, son niveau d’épargne…) et une volonté gouvernementale affichée d’engager des réformes structurelles et de maîtriser son budget, l’agence n’en souligne pas moins les difficultés auxquelles notre économie et donc nos entreprises sont confrontées : la faible croissance et les recettes fiscales surévaluées, une pression fiscale importante, le manque d’innovation, les rigidités de marchés qui touchent quasiment tous les secteurs et en particulier le marché du travail qui affaiblissent le pouvoir d’achat et la création d’emplois… C’est la question de la dynamique économie à court terme qui est posée et celle de « l’insuffisance des mesures gouvernementales annoncées pour restaurer la compétitivité », notamment « au regard de l’analyse de l’action des gouvernements successifs des deux décennies écoulées ».
La volonté récemment exprimée du gouvernement de soutenir l’économie de l’offre et donc l’appareil productif et la création d’emplois va dans le bon sens. Mais la question est celle de la rigidité de notre environnement en France. Notre économie doit évoluer, s’adapter et elle en a la capacité. Il faut pour cela lui faire confiance, faire confiance à ses acteurs.
Si le gouvernement a raison d’espérer un accord historique entre les partenaires sociaux, il faut pourtant avoir conscience du temps perdu dans des négociations centralisées, qui visent à produire une norme unique loin des réalités des entreprises et des besoins des salariés. C’est bien cette rigidité qui est en cause, tant les partenaires sociaux, quand ils interviennent au plus près de l’entreprise, ont déjà démontré leur capacité à trouver les solutions et compromis permettant de maintenir l’activité. Combien d’accord auraient pu être trouvés et mis en œuvre, et donc d’entreprises et d’emplois sauvés, d’ici à ce que la négociation nationale n’aboutisse, ou pas, à un compromis dans un mois et demi ?
C’est pourquoi je demande au président de la République d’engager au plus vite une réforme de la négociation entre partenaires sociaux pour la ramener au plus près des entreprises et donner une place centrale à la négociation d’entreprise et à la négociation de branche. Ce sera, en tout état de cause, un des enjeux majeurs de ma présidence à la tête du medef.