La Revue Parlementaire

Candidat à la présidence du Medef, Hervé Lambel revient pour nous sur l’actualité de la campagne et les enjeux dont il faudra, selon lui, se saisir.

Vous êtes candidat à la présidence du Medef. Jugez-vous satisfaisant le bilan de Laurence Parisot ?

Le bilan est collectif. Et aucun des candidats siégeant au comité exécutif n’a pesé de tout son poids pour faire avant ce qu’il promet de faire demain.

Ce sont les patrons eux-mêmes qui dressent le bilan : 70% considèrent que le patronat ne défend pas bien les intérêts des entreprises.(1) Vouloir diriger le Medef et ignorer les critiques que nous adressent les entreprises ? J’y vois des causes de la situation économique et de la montée du populisme. Eviter ce débat affaiblira le Medef et l’ensemble des corps intermédiaires, car les mutations que nous vivons sont autant économiques, que sociales ou politiques.

Nous devons comprendre qu’il y a maintenant plus d’intelligence et de pouvoir à l’extérieur de nos organisations qu’à l’intérieur grâce aux outils qui se développent et les rendent opérants. Quelle sera notre place si nous n’évoluons pas ?

Quels sont, dans le contexte actuel, les grands enjeux de cette élection ?

La France est un pilier économique et politique de l’Europe.

Nos partenaires sont inquiets et voient en nous le maillon faible. Nous n’avons pas le droit d’échouer car le risque est devenu systémique. Nous avons des leviers : simplification, réformes du dialogue social et du paritarisme, de l’Etat… Il faut faciliter la tâche des entreprises, les fourmis laborieuses du redressement.

Quelles seront les priorités pour le futur président du Medef ?

Mobiliser les patrons et les talents. Autour d’un choc fiscal, économique et social. Lutter contre les causes structurelles qui font que la France détruit plus d’entreprises que les autres pays.

Historiquement, nous avons développés nos entreprises sans fonds propres. La dégradation des marges depuis 35 ans fait que ce modèle ne peut plus prospérer. Nous devons construire le nouveau cadre…

On vous entend proposer de mettre fin à la TVA interentreprises. Pouvez-vous nous en dire plus ?

La TVA, intégralement supportée par le consommateur, s’applique à toutes les transactions : payée sur mes achats et encaissée sur mes ventes. En fonction du solde, je reverse à l’Etat le surplus
encaissé ou il me rembourse le trop payé. Mais cette opération n’est pas neutre : la trésorerie est l’oxygène de l’entreprise et a un coût. L’avancer à l’Etat est une hérésie.

Les entreprises prêtent ainsi 20 milliards d’euros, l’équivalent de l’aide de l’Etat pour soutenir le crédit fin 2008… Le traitement administratif leur coûte 750 millions d’euros par an et 300 à Bercy.

Cette simplification permettrait de récupérer six des dix milliards d’euros de fraude annuelle.

Les ventes intra-communautaires exemptes de TVA permettent aux entreprises européennes de bénéficier d’un avantage concurrentiel à la facturation, puisque le client français n’avance pas de TVA. Certaines ont en plus la capacité de proposer des solutions de financement, augmentant les difficultés de nos industriels et grossistes.

La simplification consiste à ne faire collecter la TVA que par le vendeur final. Cette réforme ne change pas l’assiette et ne dépend que du Parlement français.

Il y a également un problème de représentativité. Comment faire pour accroître le nombre de patrons au sein du Medef ?

Répondre à leurs attentes, être présents dans toutes les entreprises en fonction de leurs besoins. Et porter leur parole : nous avons un devoir d’information du politique. Sur le plan local et national, des problèmes économiques ou réglementaires doivent être réglés. Les attentes sont fortes.

Avec la réforme du dialogue social, à laquelle la majorité des patrons aspire, ils auront besoin de conseils et d’accompagnement de proximité.

Le troisième axe reste le développement de services.

L’augmentation du nombre des adhérents au Medef est un de mes objectifs, mais aussi dans les branches professionnelles.

(1) Dares et Opinionway

Article publié dans le n° 950 d’avril 2013

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