Hervé Lambel, Candidat à la présidence du Medef – 18/01/2013

Florent Hernandez : M. Hervé Lambel, vous êtes candidat à la succession de Laurence Parisot à la tête du Medef, en juillet 2013. Avant de revenir sur cette candidature, pourriez-vous nous présenter brièvement votre parcours et vos activités actuelles

Hervé Lambel : Issu d’une famille d’entrepreneurs, j’ai d’abord exercé en restauration, dans le commerce et l’immobilier. Ma formation en commerce international à l’EPSCI, groupe ESSEC, m’a conduit à travailler aux Etats-Unis à Dallas, mais aussi au Département International de la Chambre de Commerce en Suisse, et pour finir en Allemagne dans le secteur de l’agro alimentaire.

Ce parcours s’est poursuivi en occupant des postes opérationnels de management d’organisation et de logistique. En juin 2009 enfin, j’ai créé HLDC, une société de production audiovisuelle et de spectacles vivants.

Entre-temps (en 2000), je me suis engagé dans le syndicalisme patronal. Face au constat du décalage entre les organisations représentatives et les besoins des entreprises, j’ai co-fondé les Créateurs d’emplois et de richesse de France (Cerf) fin 2002. A l’origine de la détaxation et de la défiscalisation des heures supplémentaires, nous avons également été les premiers à lancer l’alerte sur le tsunami financier de 2008, dont les conséquences économiques deviennent maintenant pleinement visibles.

De nombreuses mesures sur la trésorerie des entreprises sont issues de nos actions, tout comme la mise en place de nouveaux indicateurs qui faisaient défaut pour mesurer l’état de l’économie. Mais il reste évidemment beaucoup à faire pour libérer l’initiative et la croissance ! Lutter par exemple contre le fait que la France détruit plus d’entreprises sur son sol que n’importe quelle autre économie…

Si j’ai finalement pris la décision grave de poser ma candidature à la présidence du Medef, c’est pour défendre les intérêts de toutes nos entreprises, et à travers elles, ceux des salariés. Car il faut bien comprendre que le retour à l’activité est le préalable nécessaire à des entreprises françaises en bonne santé, au service de la croissance, du plein emploi, ainsi que du pouvoir d’achat.

Pour terminer, j’ajouterai que les patrons et les entreprises ne sont jamais aussi bien défendus que quand ils sont à leur place, et qu’il est donc dangereux au regard des responsabilités que porte un patron – sauf dans de très rares cas – de faire de la politique. Pour autant, vouloir peser sur les décisions de ceux qui créent les conditions de la croissance ou ses entraves, est légitime. C’est même un devoir civique dans une démocratie.


Florent Hernandez
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Moi-même entrepreneur depuis 2 ans, les sujets discutés au niveau syndical m’intéressent. Toutefois, je peine à m’identifier et à me reconnaître dans les intérêts défendus par ces institutions. Ne pensez-vous pas qu’il y ait un manque de représentativité des TPE et start-up dans les discussions syndicales ? 

Hervé Lambel : Pareille question soulève le problème de la représentativité des organisations patronales. En quoi seraient-elles légitimes pour parler et négocier au nom de tous ? La question se pose en effet. Elle prend même tout son sens à l’heure des accords conclus pour la sécurisation de l’emploi et plus globalement pour la réforme du marché du travail.

Le fait est que les organisations qui jouissent aujourd’hui d’une plus grande visibilité, ainsi que de la reconnaissance étatique, sont un héritage de la Seconde Guerre mondiale. Elles n’ont malheureusement pas su évoluer pour s’adapter aux réalités d’une époque qui a bien changé depuis le Conseil National de la Résistance. Il est donc urgent de changer notre modèle de représentation. Ce qui implique nécessairement de revoir aussi leur champ de compétences.

L’expérience du Cerf m’a permis de mettre en pratique ce qui, selon moi, manque le plus à la représentation : le fait d’associer systématiquement aux réflexions un grand nombre de chefs d’entreprises, de sorte à traiter de sujets concernants et importants, en prise direct avec la réalité économique de terrain. Une approche dont la pertinence semble confirmée : au-delà du monde politique qui s’inspire de plus en plus de nos propositions, les résultats des dernières élections aux Chambres de commerce et d’industrie en 2010, font du Cerf une organisation prédominante, capable de rassembler seule plus de 40% des suffrages des chefs d’entreprises.

Je pense donc qu’il faut renforcer la part faite aux entreprises dans ces organisations, les faire adhérer en grand nombre et les associer aux réflexions et prises de décision. Les bénéfices retirés pour tout un chacun n’en seront que plus grands, et la légitimité des organisations n’en sortira que renforcée.

Dans le cas contraire, ces organisations finiront par être totalement obsolètes et dépassées sur le terrain de la représentativité. Pour preuve, le nombre croissant d’initiatives satellites portées par des entrepreneurs, qui pour l’instant s’opèrent en marge des organisations traditionnelles, mais pour combien de temps encore ? Le mouvement des « pigeons », malgré son absence de réelle structuration, a été – et reste – en cela significatif.

Le changement que vous attendez est bien là. Reste désormais à savoir si le Medef et les autres organisations en ont pris conscience, et si en se réformant ils prendront le train de la modernité en marche.

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