La discussion entre les partenaires sociaux est aujourd’hui figée autour de la question de la taxation des contrats courts. Ce qui devait aboutir à un accord historique concernant la réforme du marché du travail semble donc une fois de plus (une fois de trop ?) suspendu à un fil.
Concrètement, de quoi s’agit-il ?
Le recours aux contrats courts serait en progression constante, augmentant ainsi la précarité des salariés. Il serait alors question d’encourager les entreprises à recourir aux CDI en augmentant le montant qu’elles versent à l’Unedic pour les personnes en CDD ou en intérim. Bref, l’instauration d’une nouvelle taxe en pleine crise de compétitivité, et alors même que le gouvernement envoyait des signaux positifs quant à l’abaissement du coût du travail avec le crédit d’impôts emploi.
Cette spécificité semble être française…
Alors soit les patrons français sont effectivement les monstres horribles pour lesquels on veut bien les faire passer, soit il existe un biais sur le marché du travail qui conduit à pareille situation.
Dans le premier cas, la taxation peut apparaître comme une solution. Mais la réalité est ailleurs ! Les entreprises manquent de visibilité, de trésorerie, de financements… Et la majeure partie des patrons français est aussi touchée par la précarité.
Dans le second, une taxation supplémentaire ne résoudra pas le biais que le recours aux contrats courts tente de résoudre. Au contraire, il ne fera qu’aggraver la situation.
Il faut donc refuser cette approche. Car la question de fond est avant tout celle de supprimer les causes du recours à ces contrats : le manque d’activité et un marché du travail biaisé.
En dehors d’une réponse forte, il n’y aura donc pas d’accord historique. La situation des entreprises continuera de se dégrader, et par extension, c’est l’économie qui en paiera le prix fort. Avec en ligne de mire, la relégation de la France en queue de peloton des puissances mondiales et européennes.
Devant l’incapacité des partenaires en présence à s’entendre, l’État n’a d’autre choix que de prendre ses responsabilités. A lui d’assumer ce qu’il a initié, une véritable refonte du marché du travail, plutôt qu’un nouvel affaiblissement de notre appareil productif.
Hervé Lambel,
Candidat à la présidence du Medef.